Le Premier ministre français, Michel Barnier, se prépare à faire adopter son budget d’austérité sans vote à l’Assemblée nationale si nécessaire, a déclaré la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, à Paris mercredi. Le cabinet a convenu de permettre à Barnier d’utiliser une disposition pertinente de la constitution dans le cas où il ne parviendrait pas à faire passer le budget à l’Assemblée nationale et au Sénat. Le débat budgétaire, qui a débuté lundi, représente le premier défi sérieux pour le nouveau gouvernement de centre-droit de France, qui ne dispose pas de majorité parlementaire et pourrait faire face à une motion de censure. Cependant, cela nécessiterait une alliance entre la gauche à l’Assemblée nationale et le camp d’extrême-droite du Rassemblement national (RN), dirigé par Marine Le Pen.
Le projet de budget a suscité de vives critiques au Parlement, prévoyant des coupes d’environ 40 milliards d’euros et des augmentations d’impôts de 20 milliards d’euros, principalement sur les entreprises à fort chiffre d’affaires et les ménages à revenu élevé. Le recours du gouvernement à la disposition constitutionnelle spéciale a été observé lors des deux dernières années, mais cette mesure est impopulaire et perçue comme un signe de faiblesse du gouvernement, ainsi qu’un manque de responsabilité démocratique. Ce climat politique tendu autour du budget soulève des inquiétudes quant à la stabilité du gouvernement dirigé par Barnier, qui doit naviguer dans un paysage politique fragmenté.
De plus, la situation économique de la France attire l’attention des autorités de l’Union européenne, qui ont lancé une “procédure pour déficit excessif” à l’encontre du pays. D’ici la fin du mois, le gouvernement français doit soumettre un plan à la Commission européenne concernant la réduction de la dette publique. Cette pression extérieure vient s’ajouter à la complexité de la gestion budgétaire nationale et souligne le défi auquel fait face le gouvernement de Barnier dans l’élaboration de ses priorités financières.
Le budget prévoit un déficit de 6,1% du produit intérieur brut (PIB) pour cette année, un chiffre qui devrait être réduit à 5% l’année prochaine et, en fin de compte, revenir à la limite fixée par l’Union européenne de 3% d’ici 2029. Ces objectifs ambitieux montrent la détermination du gouvernement à assainir les finances publiques, mais ils suscitent également des craintes quant aux conséquences de ces mesures d’austérité sur la croissance économique et le bien-être des citoyens français.
Les critiques de l’opposition et des groupes de la société civile portent principalement sur l’impact négatif que ces coupes budgétaires pourraient avoir sur les services publics et le soutien social, en particulier dans un contexte où de nombreux ménages sont déjà confrontés à des difficultés économiques exacerbées par l’inflation. Barnier devra donc non seulement justifier ces choix budgétaires à ses concitoyens, mais aussi convaincre les députés de l’Assemblée nationale de la nécessité de ces mesures.
En résumé, le contexte budgétaire en France est marqué par une pression économique croissante, des choix difficiles, et des tensions politiques, alors que le gouvernement de Michel Barnier cherche à mettre en œuvre une stratégie d’austérité dans un environnement parlementaire instable. La capacité du gouvernement à faire passer son budget sans vote pourrait marquer un tournant dans ses relations avec l’opposition et dans la perception publique de sa gouvernance. Les mois à venir seront cruciaux pour évaluer l’impact de ces décisions sur l’économie, la société et l’équilibre politique dans le pays.